dimanche 24 juillet 2011

S'organiser pour mieux résister


Nous avons rencontré hier une communauté Oraon, minorité indigène d'origine hindoue. Pour favoriser l'harmonie dans leur société, régler les différents conflits, ils ont structuré une organisation. Le territoire de cette communauté Oraon est composé de 39 villages, ayant chacun un groupe, comportant un bureau exécutif. Les groupements sont organisés en Unions, elles-mêmes rassemblées en une coordination à un niveau supérieur. Les Unions ne rassemblent que des communautés d'une même minorité ethnique ( Oraon, Santal,...). Certains problèmes étant communs à différentes minorités, les Unions se rassemblent en une coordination multi-ethnique, afin de les régler plus efficacement.

Ce mode d'organisation est un système traditionnel, que Caritas a aidé à renforcer, à un moment où il était en train de se déstructurer. Ce soutien, qui dure depuis 12 ans, s'est concrétisé par l'écriture précise des règles qui se transmettaient par tradition orale jusqu'alors.


Tout d'abord, les groupements villageois mettent en place des actions de sensibilisation à la santé, à l'hygiène, à l'environnement,... Ils aident les familles les plus pauvres de leur communauté à organiser les cérémonies de mariage et de funérailles. Chacun apporte alors du riz, des légumes, …

La fonction majeure du bureau exécutif se situe dans la gestion des conflits au sein du village (conflits familiaux, conflits entre familles, partage et utilisation des terres,...). Ces conflits sont gérés au maximum au niveau de la communauté, afin d 'éviter un passage devant le juge, qui serait coûteux en temps et en argent. Si le bureau exécutif ne parvient pas à gérer le conflit, ils font appel au niveau supérieur, c'est à dire l'Union, et en dernier recours aux instances de justice gouvernementales.


Voici un exemple précis d'une action menée au sein d'un groupement :


L'alcoolisme est un problème important dans ce secteur, notamment à cause de la présence de producteurs d'alcool local. Les femmes du groupe ont décidé de réagir. Elles sont tout d'abord allées voir les producteurs d'alcool afin qu'ils stoppent leur production, en leur expliquant que cela avait des mauvaises conséquences sur leurs familles, sur la santé et sur la société. Voyant que cette démarche s'était avérée inutile, elles ont fait une seconde tentative de persuasion, en vain. Elles sont donc allées voir les autorités locales pour leur expliquer la situation. Celles-ci, avec l'appui de la police, ont fait cesser la production d'alcool. Aujourd'hui, l'alcoolisme n'est plus un problème dans cette communauté.


Parce qu'elles étaient organisées en groupement, ces femmes ont trouvé la force de se battre et de mener une action collective pour résoudre ce problème. Leur action ne s'est pas limitée à leur propre village : elles ont entamé des démarches pour encourager les villages voisins à faire de même.


Comme tous les groupements de villageois que nous avons rencontré, il existe un système de dépôt d'argent pour bénéficier de micro-crédits individuels, soutenu par Caritas Bangladesh. Ils cultivent également des champs et élèvent des animaux en commun, pour créer des ressources financières collectives.


Ces communautés se trouvent impuissantes face à des discriminations plus importantes légitimées par le gouvernement. Elles se trouvent confrontés à des majorités plus puissantes, contre lesquelles elles n'ont ni les moyens financiers, ni l'influence politique pour les contrer. Pour changer cette situation, elles savent que la solution passera par l'éducation, leur unité et espèrent que les politiciens évolueront.


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